[n° ou bulletin] est un bulletin de
Titre : |
729 - Janvier 2017 - Les films les plus attendus de 2017 |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2017 |
Importance : |
98 p. |
Note générale : |
La nouvelle année est l’occasion des bonnes résolutions. Partageons avec le lecteur les idées qui nous trottent dans la tête. La première, c’est d’explorer davantage l’histoire du cinéma. Les Cahiers se doivent de parler de tout le cinéma. Deux « Cinéma retrouvé » se suivent dans le sommaire de ce numéro (Cuba années 60 et giallo années 70) et la revue va continuer le travail d’étude sur des œuvres ou des périodes plus accentué depuis plusieurs mois (Akira Kurosawa, Frederick Wiseman, Richard Fleischer). Cette envie vient aussi de discussions avec de jeunes lecteurs en demande d’histoire et d’analyse, et du constat que certains films ne sont plus vus, en particulier le Hollywood classique, socle de la cinéphilie, en déshérence auprès de générations choisissant comme noyau les années 60 européennes (Godard, Rohmer, Pasolini) ou bien les années 70 américaines (Scorsese, Kubrick, Lynch).
Ce montage Cuba/Giallo est aussi une manière d’affirmer notre goût de la variété : on peut difficilement faire plus différent que le rouge politique et le jaune horrifique. Ce goût est dans l’ADN de la revue d’André Bazin, qui n’est jamais aussi intéressante que quand elle n’est pas sectaire et ne se restreint pas à la défense d’un pré carré, des films d’auteur en général, ou d’ « un certain type de cinéma », ce qui ne veut rien dire. L’intelligence peut être partout : dans un chef-d’œuvre officiel comme dans un petit film oublié, dans la singularité d’un cinéaste comme dans le génie de l’époque. Les deux exemples cités ici sont d’ailleurs deux efforts collectifs : l’ICAIC forme ou influence les cinéastes nationaux à partir du documentaire d’actualités ; le giallo crée une flambée incroyable sur quelques années où de petits artisans se mettent à faire des films étincelants. Deux exemples où les cinéastes sont dépassés, portés, galvanisés par leur époque – dans le giallo c’est moins le genre qui importe (avec ses « codes » et ses « fleurons ») que la pensée collective qui le traverse.
Faire une revue, c’est aimer faire des ensembles et être ensemble. Ce mot « ensemble » n’a pas bonne presse aujourd’hui quoi qu’on en pense. La mode est plutôt à la fragmentation, la segmentation, la spécialisation, ce qui entraîne vite le narcissisme et un regard de taupe. On apprend trop à découper des territoires et réclamer des propriétés. On apprend trop à juger morceau par morceau en perdant de vue l’ensemble. Il faut au contraire prendre de la hauteur et voir que l’ensemble existe : par exemple qu’une revue, c’est une pelote de fils déroulés mois après mois mais qui forment un ensemble pensé comme tel. Faire une revue, c’est faire du montage : opérer le grand écart entre la création vidéo ultra-contemporaine sur Internet et un texte fleuve sur Frederick Wiseman, comme dans le numéro de novembre. Pas pour le plaisir du contre-pied, ce qui ne serait qu’une posture, mais au contraire le plaisir insatiable de surprendre et d’être surpris. Le rêve pour une revue est d’étourdir. Peut-être le lecteur se sentira-t-il parfois décontenancé. À nous dans les textes de montrer pourquoi c’est la même chose, pourquoi cela fait ensemble. Cela nous semble important d’insister tant l’émiettement guette, notamment à l’époque d’Internet, tant les ensembles, dans tous les domaines, ont du mal à se constituer.
Un vœu pour la nouvelle année : que l’agilité des Cahiers nous permette, à nous rédacteurs, à vous lecteurs, de traverser les mondes, comme un passe-muraille qui nous fait passer d’une salle à l’autre, monter, composer, selon notre curiosité, nos trouvailles et notre désir. La seule boussole est le goût et l’exigence critique car il n’existe aucune science à laquelle rapporter un savoir. L’idéologie scientiste qui fait son come-back totalitaire n’a strictement aucune valeur. Le passage entre les mondes, qui est la fierté de l’art et de la pensée, n’est et ne peut être que poétique. |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
Education aux médias:Revues:Cahiers du Cinéma
|
Note de contenu : |
Éditorial
Ensemble par Stéphane Delorme
Top Ten 2016 des lecteurs + textes
Événement
Les films les plus attendus de 2017
Wonderstruck de Todd Haynes
Okja de Bong Joon-ho
L’Amant d’un jour de Philippe Garrel
The Lost City of Z de James Gray
Jeannette de Bruno Dumont
Une saison en France de Mahamat-Saleh Haroun
Ex libris de Frederick Wiseman
Good Time de Josh & Bennie Safdie
A Gentle Creature de Sergei Loznitsa
Le lion est mort ce soir de Nobuhiro Suwa
Les autres films les plus attendus en 2017
Cahier critique
The Fits d’Anna Rose Holmer – par Jean-Philippe Tessé
Tout ce qui fait vibrer entretien avec Anna Rose Holmer – par Jean-Philippe Tessé
Neruda de Pablo Larraín – par Joachim Lepastier
À la poursuite du cosmos entretien avec Pablo Larraín – par Cyril Béghin
Belle dormant d’Ado Arrietta – par Florence Maillard
Le Parc de Damien Manivel – par Laura Tuillier
La La Land de Damien Chazelle – par Stéphane Delorme
Notes sur d’autres films The Birth of a Nation (Nate Parker) – Corniche Kennedy (Dominique Cabrera) – Entre les frontières (Avi Mograbi) – Harmonium (Koji Fukada) – Ils vivent la nuit (Ben Affleck) – The Last Face (Sean Penn) – Mountain (Yaelle Kayam) – Nocturnal Animals (Tom Ford) – Ouvert la nuit (Édouard Baer) – Primaire (Hélène Angel) – La Reine garçon (Mika Kaurismäki) – Rogue One : A Star Wars Story (Gareth Edwards)
Journal
Box-office Le Top Ten face au box-office
Rencontre Iran, la parole libérée
Animation L’écoute de Bardine
Photographie Les films fantômes d’Hervé Guibert
Installation Maniac Shadows, histoires d’Akerman
Expérimental Les 20 ans de L’Abominable + Collectif Mohamed
Expérimental Philippe Cote, guetter le monde
Exposition Orgie mécanique à la Cinémathèque
Technique Drôle d’Ozo
Revue Trafic, Un 100 d’encre
DVD Mandico in the Box
DVD La Tour au-delà des nuages de Makoto Shinkai
Livre Alain Resnais, les coulisses de la création de François Thomas
Livre Faire un film de Sidney Lumet
Festival Les Cahiers en Roumanie
Festival Les nuits de Tallinn
Festival Antihéros à Belfort
News internationales
Disparitions Robert Vaughn, Pierre Billard, Mahmoud Abdel Aziz, Billy Chapin
Hommage
Raoul Coutard
Les prises de vues sont de Raoul Coutard par Thierry Méranger
Jamais dire non entretien inédit avec Raoul Coutard
Cinéma retrouvé
Cuba, années 60
Documenter une réalité changeante entretien avec Dolores Calviño & Michael Chanan – par Quentin Papapietro
L’île et le monde par Cyril Béghin
7 cinéastes cubains Santiago Álvarez, Nicolás Guillén Landrián, Sara Gómez, Julio García Espinosa, Tomás Gutiérrez Alea, Manuel Octavio Gómez, Humberto Solás
Des giallos à gogo
Cauchemars à l’italienne par Vincent Malausa
Jaune profond entretien avec Stéphane Boyer (Le Chat qui fume)
Giallo Cathédrale par Stéphane Delorme
Le giallo en DVD
Une histoire secrète du giallo par Stéphane du Mesnildot
Giallomania par Jean-François Rauger, Oliver Père, Gilles Vannier
BD
Misfits par Luz |
[n° ou bulletin] est un bulletin de
729 - Janvier 2017 - Les films les plus attendus de 2017 [texte imprimé] . - 2017 . - 98 p. La nouvelle année est l’occasion des bonnes résolutions. Partageons avec le lecteur les idées qui nous trottent dans la tête. La première, c’est d’explorer davantage l’histoire du cinéma. Les Cahiers se doivent de parler de tout le cinéma. Deux « Cinéma retrouvé » se suivent dans le sommaire de ce numéro (Cuba années 60 et giallo années 70) et la revue va continuer le travail d’étude sur des œuvres ou des périodes plus accentué depuis plusieurs mois (Akira Kurosawa, Frederick Wiseman, Richard Fleischer). Cette envie vient aussi de discussions avec de jeunes lecteurs en demande d’histoire et d’analyse, et du constat que certains films ne sont plus vus, en particulier le Hollywood classique, socle de la cinéphilie, en déshérence auprès de générations choisissant comme noyau les années 60 européennes (Godard, Rohmer, Pasolini) ou bien les années 70 américaines (Scorsese, Kubrick, Lynch).
Ce montage Cuba/Giallo est aussi une manière d’affirmer notre goût de la variété : on peut difficilement faire plus différent que le rouge politique et le jaune horrifique. Ce goût est dans l’ADN de la revue d’André Bazin, qui n’est jamais aussi intéressante que quand elle n’est pas sectaire et ne se restreint pas à la défense d’un pré carré, des films d’auteur en général, ou d’ « un certain type de cinéma », ce qui ne veut rien dire. L’intelligence peut être partout : dans un chef-d’œuvre officiel comme dans un petit film oublié, dans la singularité d’un cinéaste comme dans le génie de l’époque. Les deux exemples cités ici sont d’ailleurs deux efforts collectifs : l’ICAIC forme ou influence les cinéastes nationaux à partir du documentaire d’actualités ; le giallo crée une flambée incroyable sur quelques années où de petits artisans se mettent à faire des films étincelants. Deux exemples où les cinéastes sont dépassés, portés, galvanisés par leur époque – dans le giallo c’est moins le genre qui importe (avec ses « codes » et ses « fleurons ») que la pensée collective qui le traverse.
Faire une revue, c’est aimer faire des ensembles et être ensemble. Ce mot « ensemble » n’a pas bonne presse aujourd’hui quoi qu’on en pense. La mode est plutôt à la fragmentation, la segmentation, la spécialisation, ce qui entraîne vite le narcissisme et un regard de taupe. On apprend trop à découper des territoires et réclamer des propriétés. On apprend trop à juger morceau par morceau en perdant de vue l’ensemble. Il faut au contraire prendre de la hauteur et voir que l’ensemble existe : par exemple qu’une revue, c’est une pelote de fils déroulés mois après mois mais qui forment un ensemble pensé comme tel. Faire une revue, c’est faire du montage : opérer le grand écart entre la création vidéo ultra-contemporaine sur Internet et un texte fleuve sur Frederick Wiseman, comme dans le numéro de novembre. Pas pour le plaisir du contre-pied, ce qui ne serait qu’une posture, mais au contraire le plaisir insatiable de surprendre et d’être surpris. Le rêve pour une revue est d’étourdir. Peut-être le lecteur se sentira-t-il parfois décontenancé. À nous dans les textes de montrer pourquoi c’est la même chose, pourquoi cela fait ensemble. Cela nous semble important d’insister tant l’émiettement guette, notamment à l’époque d’Internet, tant les ensembles, dans tous les domaines, ont du mal à se constituer.
Un vœu pour la nouvelle année : que l’agilité des Cahiers nous permette, à nous rédacteurs, à vous lecteurs, de traverser les mondes, comme un passe-muraille qui nous fait passer d’une salle à l’autre, monter, composer, selon notre curiosité, nos trouvailles et notre désir. La seule boussole est le goût et l’exigence critique car il n’existe aucune science à laquelle rapporter un savoir. L’idéologie scientiste qui fait son come-back totalitaire n’a strictement aucune valeur. Le passage entre les mondes, qui est la fierté de l’art et de la pensée, n’est et ne peut être que poétique. Langues : Français ( fre)
Catégories : |
Education aux médias:Revues:Cahiers du Cinéma
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Note de contenu : |
Éditorial
Ensemble par Stéphane Delorme
Top Ten 2016 des lecteurs + textes
Événement
Les films les plus attendus de 2017
Wonderstruck de Todd Haynes
Okja de Bong Joon-ho
L’Amant d’un jour de Philippe Garrel
The Lost City of Z de James Gray
Jeannette de Bruno Dumont
Une saison en France de Mahamat-Saleh Haroun
Ex libris de Frederick Wiseman
Good Time de Josh & Bennie Safdie
A Gentle Creature de Sergei Loznitsa
Le lion est mort ce soir de Nobuhiro Suwa
Les autres films les plus attendus en 2017
Cahier critique
The Fits d’Anna Rose Holmer – par Jean-Philippe Tessé
Tout ce qui fait vibrer entretien avec Anna Rose Holmer – par Jean-Philippe Tessé
Neruda de Pablo Larraín – par Joachim Lepastier
À la poursuite du cosmos entretien avec Pablo Larraín – par Cyril Béghin
Belle dormant d’Ado Arrietta – par Florence Maillard
Le Parc de Damien Manivel – par Laura Tuillier
La La Land de Damien Chazelle – par Stéphane Delorme
Notes sur d’autres films The Birth of a Nation (Nate Parker) – Corniche Kennedy (Dominique Cabrera) – Entre les frontières (Avi Mograbi) – Harmonium (Koji Fukada) – Ils vivent la nuit (Ben Affleck) – The Last Face (Sean Penn) – Mountain (Yaelle Kayam) – Nocturnal Animals (Tom Ford) – Ouvert la nuit (Édouard Baer) – Primaire (Hélène Angel) – La Reine garçon (Mika Kaurismäki) – Rogue One : A Star Wars Story (Gareth Edwards)
Journal
Box-office Le Top Ten face au box-office
Rencontre Iran, la parole libérée
Animation L’écoute de Bardine
Photographie Les films fantômes d’Hervé Guibert
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Expérimental Les 20 ans de L’Abominable + Collectif Mohamed
Expérimental Philippe Cote, guetter le monde
Exposition Orgie mécanique à la Cinémathèque
Technique Drôle d’Ozo
Revue Trafic, Un 100 d’encre
DVD Mandico in the Box
DVD La Tour au-delà des nuages de Makoto Shinkai
Livre Alain Resnais, les coulisses de la création de François Thomas
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Festival Les Cahiers en Roumanie
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Hommage
Raoul Coutard
Les prises de vues sont de Raoul Coutard par Thierry Méranger
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Cinéma retrouvé
Cuba, années 60
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Des giallos à gogo
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BD
Misfits par Luz |
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