[n° ou bulletin] est un bulletin de
Titre : |
732 - Avril 2017 - Entretiens avec la nouvelle génération: jeunes acteurs français |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2017 |
Importance : |
98 p. |
Note générale : |
Tout ce que nous faisons à la rédaction mois après mois, c’est mettre en valeur les puissances du cinéma, de les rendre remarquables. De la lumière, de la musique, de la fiction, du jeu ! Le cinéma ne se réduit pas à cette peau de chagrin tachée de café qu’est un scénario. Un mauvais film s’entend tout de suite : on feuillette ses plans comme on tourne les pages d’un script, toutes les puissances du cinéma sont mises en berne derrière l’histoire à raconter. Celui qui en fait le plus directement, et le plus cruellement, les frais est l’acteur : porte-manteau, porte-parole, porte-plume.
Nous sommes allés voir les jeunes acteurs français pour comprendre comment ils évoluent dans un système où les tournages et les temps de préparation sont toujours plus courts, le scénario roi, la concurrence rude, avec un phénomène de concentration sur les mêmes têtes. Car cette nouvelle génération est pleine d’acteurs que l’on « repère », comme on dit, que l’on suit, que l’on aime, que l’on veut revoir. Et on sent, à la vision des films, et encore plus à les entendre parler, à quel point ils ont envie de jouer, envie de responsabilité, de liberté et de création.
L’idée de ce dossier est née de la rencontre le mois dernier avec la toute jeune Garance Marillier, actrice de Grave de Julia Ducournau, faisant état d’une nouvelle génération plus sauvage, plus corporelle, plus physique, citant comme modèles Soko et Adèle Exarchopoulos. Et à lister les noms, on s’aperçoit que le cinéma français est riche de figures insituables et inspirées : Soko, entre musique et films, France et États-Unis ; Stacy Martin, révélée par Nymphomaniac et qu’on peine encore à voir comme française ; Raph, l’actrice-mystère de Ma Loute, qui vit toujours dans le Nord et se lance dans le métier. Qu’est-ce que le cinéma français va faire de ces apparitions spectaculaires ? C’est une question plus importante que de savoir le pitch du prochain projet d’untel. Même question pour Adèle Exarchopoulos après La Vie d’Adèle, ou pour les deux acteurs remarquables du dernier film d’Arnaud Desplechin. Que deviennent-ils ? Comment le cinéma français les accueille-t-il ? Ce dossier est aussi l’occasion d’avoir des nouvelles du travail de Lars von Trier, de Desplechin, de Dumont, de Kechiche, qui ont tous le génie du casting. Mais une fois qu’il est découvert ou lancé, que devient l’acteur ? Quelle capacité de désidentification de ces acteurs ont les réalisateurs (qui oublient parfois qu’ils sont avant tout « directors ») ? La parole des acteurs est souvent trop en retrait ou trop brève alors qu’ils ont beaucoup à nous dire sur l’état du cinéma. Mais aussi les agents, les écoles ou les directeurs de casting, sans lesquels on ne peut comprendre ce qu’est le métier aujourd’hui.
Le César obtenu par Niels Schneider pour son grand rôle dans Diamant noir est un bon signe, le signe qu’on veut du jeu. De la métamorphose, du travestissement, du maquillage. De la composition, de la concentration, de la conviction. Niels Schneider dit : « Il faut que l’acteur y laisse quelque chose ». Damien Chapelle appelle à la démesure. Ce que rejettent ces acteurs, c’est l’idéologie dominante du « naturel ». S’en remettre au seul naturel, c’est en rester à une mobilisation paresseuse du charme. Et c’est dévoyer la tradition réaliste, de Renoir à la Nouvelle Vague et Pialat, qui est moins celle du naturel que celle des « natures » (Jean-Pierre Léaud, Bernadette Lafont, Sandrine Bonnaire) qui jouent totalement. Nicholas Ray, se souvenant des conseils d’Elia Kazan, mettait en garde : « Don’t fuck with a natural ! » Si vous tombez sur une « nature », ne l’abîmez pas. Que ce soit James Dean ou un vagabond. Les aimer, c’est aimer les gestes, les expressions, les intonations : la visibilité totale de l’acteur. L’alchimie moderne (Bergman, Cassavetes) est l’équilibre entre l’amour d’une personne, l’attention à ses moindres gestes, le respect de sa nature, et d’un autre côté la possibilité donnée à l’acteur de jouer, de résister, d’inventer. C’est ce privilège d’être le premier partenaire de jeu que l’acteur revendique à raison, celui qui fait la transitivité foncière de l’incarnation : on filme d’abord quelqu’un, et nous, spectateurs, regardons avant tout des acteurs. C’est leur conviction qui fera notre émotion.  |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
Education aux médias:Revues:Cahiers du Cinéma
|
Mots-clés : |
acteurs français entretiens |
Note de contenu : |
Éditorial
Être acteur aujourd’hui par Stéphane Delorme
Événement
Jeunes acteurs français
Soko et Garance Marillier « Pourquoi c’est vital »
Adèle Exarchopoulos « J’ai peur de décevoir »
Stacy Martin « L’action vient avant la pensée »
Raph « Vous inquiétez pas, vous me reverrez ! »
Lou Roy-Lecollinet « Je découvre un monde »
Zita Hanrot « J’aime bien travailler sur la colère »
Jenna Thiam « J’ai arrêté de croire qu’on ne contrôle rien »
Manal Issa « Comme une perle dans ma vie »
Diane Rouxel « Je prends le jeu dans sa dimension ludique »
Sarah-Megan Allouch « Être un petit fantôme »
Guslagie Malanda « L’expérience d’un vertige »
Niels Schneider « Il faut y laisser quelque chose »
Rabah Naït Oufella « Ni doute ni peur »
Jonathan Genet « Pour jouer, il faut vivre »
Quentin Dolmaire « J’ai envie qu’on me demande beaucoup »
Jonas Bloquet « Marre d’attendre »
Damien Chapelle « On manque de possédés »
Basile Meilleurat et Rémi Taffanel Les garçons du Sud
Alain Demaria Le plongeon
Au jeu des écoles le Conservatoire, le Cours Florent, L’École du jeu – par Cyril Béghin
Les agents et leurs talents entretiens avec Isabelle de La Pattellière et Grégory Weill, agents – par Stéphane Delorme
Les entremetteurs entretien avec Sarah Teper et Stéphane Batut, directeurs de casting – par Jean-Sébastien Chauvin & Jean-Philippe Tessé
Acteurs documentaires ? Rencontre avec les acteurs de Swagger, Pas comme des loups et Gorge cœur ventre par Mathis Badin & Florence Maillard
Cahier critique
Sayonara de Koji Fukada – par Stéphane du Mesnildot
Au revoir l’humanité entretien avec Koji Fukada – par Stéphane du Mesnildot
Après la tempête de Hirokazu Kore-eda – par Vincent Malausa
Pas comme des loups de Vincent Pouplard – par Camille Bui
Notes sur d’autres films 11 minutes (Jerzy Skolimowski) – 14 ans, premier amour (Andreï Zaytsev) – Adieu Mandalay (Midi Z) – La Belle Occasion (Isild Le Besco & Nicolas Hidiroglou) – La Consolation (Cyril Mennegun) – Corporate (Nicolas Silhol) – Django (Étienne Comar) – Emily Dickinson, a Quiet Passion (Terence Davies) – Heis (Chroniques) (Anaïs Volpé) – Je danserai si je veux (Maysaloun Hamoud) – Mister Universo (Tizza Covi & Rainer Frimmel) – L’Opéra (Jean-Stéphane Bron) – Paris est une fête (Sylvain George) – Retour à Forbach (Régis Sauder) – Revenger (Walter Hill) – Tunnel (Kim Seong-hun)
Journal
Rétrospective Hailé Gerima, l’Africain américain
Festival Tanger-Rennes dream
Distribution Des nouvelles d’Abounaddara
Tournage Le chagrin sans fin du « han » coréen : Jeon Soo-il en tournage
Rétrospective SF à l’Est
Reprise Rivière Fango, rives excentralistes (Au long de rivière Fango de Sotha)
DVD Elem et Larissa (coffret Klimov / Cheptiko)
DVD Visite ou mémoires et confessions de Manoel de Oliveira
DVD Ornette , Made in America de Shirley Clarke
Livre Jeu d’acteurs : corps et gestes au cinéma de Christophe Damour (dir.) / Montgomery Clift : premier acteur moderne de Christophe Damour
Livre Brakhage en entier
Internet Godard, jeune voix
News internationales
Disparitions Jean-Christophe Averty, Nikos Koúndouros, Bill Paxton, Brunella Bovo, Miriam Colón
Hommage
Seijun Suzuki
Le maître Seijun est retourné dans le plafond par Shinji Aoyama
Réplique
Stephen Bannon, une filmographie par Cyril Béghin
Cinéma retrouvé
Jacques Becker
En attendant Becker par Stéphane du Mesnildot
Antonio Pietrangeli
Les masques sceptiques d’Antonio Pietrangeli par Esther Hallé
Une jeune actrice entretien avec Stefania Sandrelli – par Esther Hallé
BD
Misfits par Luz |
[n° ou bulletin] est un bulletin de
732 - Avril 2017 - Entretiens avec la nouvelle génération: jeunes acteurs français [texte imprimé] . - 2017 . - 98 p. Tout ce que nous faisons à la rédaction mois après mois, c’est mettre en valeur les puissances du cinéma, de les rendre remarquables. De la lumière, de la musique, de la fiction, du jeu ! Le cinéma ne se réduit pas à cette peau de chagrin tachée de café qu’est un scénario. Un mauvais film s’entend tout de suite : on feuillette ses plans comme on tourne les pages d’un script, toutes les puissances du cinéma sont mises en berne derrière l’histoire à raconter. Celui qui en fait le plus directement, et le plus cruellement, les frais est l’acteur : porte-manteau, porte-parole, porte-plume.
Nous sommes allés voir les jeunes acteurs français pour comprendre comment ils évoluent dans un système où les tournages et les temps de préparation sont toujours plus courts, le scénario roi, la concurrence rude, avec un phénomène de concentration sur les mêmes têtes. Car cette nouvelle génération est pleine d’acteurs que l’on « repère », comme on dit, que l’on suit, que l’on aime, que l’on veut revoir. Et on sent, à la vision des films, et encore plus à les entendre parler, à quel point ils ont envie de jouer, envie de responsabilité, de liberté et de création.
L’idée de ce dossier est née de la rencontre le mois dernier avec la toute jeune Garance Marillier, actrice de Grave de Julia Ducournau, faisant état d’une nouvelle génération plus sauvage, plus corporelle, plus physique, citant comme modèles Soko et Adèle Exarchopoulos. Et à lister les noms, on s’aperçoit que le cinéma français est riche de figures insituables et inspirées : Soko, entre musique et films, France et États-Unis ; Stacy Martin, révélée par Nymphomaniac et qu’on peine encore à voir comme française ; Raph, l’actrice-mystère de Ma Loute, qui vit toujours dans le Nord et se lance dans le métier. Qu’est-ce que le cinéma français va faire de ces apparitions spectaculaires ? C’est une question plus importante que de savoir le pitch du prochain projet d’untel. Même question pour Adèle Exarchopoulos après La Vie d’Adèle, ou pour les deux acteurs remarquables du dernier film d’Arnaud Desplechin. Que deviennent-ils ? Comment le cinéma français les accueille-t-il ? Ce dossier est aussi l’occasion d’avoir des nouvelles du travail de Lars von Trier, de Desplechin, de Dumont, de Kechiche, qui ont tous le génie du casting. Mais une fois qu’il est découvert ou lancé, que devient l’acteur ? Quelle capacité de désidentification de ces acteurs ont les réalisateurs (qui oublient parfois qu’ils sont avant tout « directors ») ? La parole des acteurs est souvent trop en retrait ou trop brève alors qu’ils ont beaucoup à nous dire sur l’état du cinéma. Mais aussi les agents, les écoles ou les directeurs de casting, sans lesquels on ne peut comprendre ce qu’est le métier aujourd’hui.
Le César obtenu par Niels Schneider pour son grand rôle dans Diamant noir est un bon signe, le signe qu’on veut du jeu. De la métamorphose, du travestissement, du maquillage. De la composition, de la concentration, de la conviction. Niels Schneider dit : « Il faut que l’acteur y laisse quelque chose ». Damien Chapelle appelle à la démesure. Ce que rejettent ces acteurs, c’est l’idéologie dominante du « naturel ». S’en remettre au seul naturel, c’est en rester à une mobilisation paresseuse du charme. Et c’est dévoyer la tradition réaliste, de Renoir à la Nouvelle Vague et Pialat, qui est moins celle du naturel que celle des « natures » (Jean-Pierre Léaud, Bernadette Lafont, Sandrine Bonnaire) qui jouent totalement. Nicholas Ray, se souvenant des conseils d’Elia Kazan, mettait en garde : « Don’t fuck with a natural ! » Si vous tombez sur une « nature », ne l’abîmez pas. Que ce soit James Dean ou un vagabond. Les aimer, c’est aimer les gestes, les expressions, les intonations : la visibilité totale de l’acteur. L’alchimie moderne (Bergman, Cassavetes) est l’équilibre entre l’amour d’une personne, l’attention à ses moindres gestes, le respect de sa nature, et d’un autre côté la possibilité donnée à l’acteur de jouer, de résister, d’inventer. C’est ce privilège d’être le premier partenaire de jeu que l’acteur revendique à raison, celui qui fait la transitivité foncière de l’incarnation : on filme d’abord quelqu’un, et nous, spectateurs, regardons avant tout des acteurs. C’est leur conviction qui fera notre émotion.  Langues : Français ( fre)
Catégories : |
Education aux médias:Revues:Cahiers du Cinéma
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Mots-clés : |
acteurs français entretiens |
Note de contenu : |
Éditorial
Être acteur aujourd’hui par Stéphane Delorme
Événement
Jeunes acteurs français
Soko et Garance Marillier « Pourquoi c’est vital »
Adèle Exarchopoulos « J’ai peur de décevoir »
Stacy Martin « L’action vient avant la pensée »
Raph « Vous inquiétez pas, vous me reverrez ! »
Lou Roy-Lecollinet « Je découvre un monde »
Zita Hanrot « J’aime bien travailler sur la colère »
Jenna Thiam « J’ai arrêté de croire qu’on ne contrôle rien »
Manal Issa « Comme une perle dans ma vie »
Diane Rouxel « Je prends le jeu dans sa dimension ludique »
Sarah-Megan Allouch « Être un petit fantôme »
Guslagie Malanda « L’expérience d’un vertige »
Niels Schneider « Il faut y laisser quelque chose »
Rabah Naït Oufella « Ni doute ni peur »
Jonathan Genet « Pour jouer, il faut vivre »
Quentin Dolmaire « J’ai envie qu’on me demande beaucoup »
Jonas Bloquet « Marre d’attendre »
Damien Chapelle « On manque de possédés »
Basile Meilleurat et Rémi Taffanel Les garçons du Sud
Alain Demaria Le plongeon
Au jeu des écoles le Conservatoire, le Cours Florent, L’École du jeu – par Cyril Béghin
Les agents et leurs talents entretiens avec Isabelle de La Pattellière et Grégory Weill, agents – par Stéphane Delorme
Les entremetteurs entretien avec Sarah Teper et Stéphane Batut, directeurs de casting – par Jean-Sébastien Chauvin & Jean-Philippe Tessé
Acteurs documentaires ? Rencontre avec les acteurs de Swagger, Pas comme des loups et Gorge cœur ventre par Mathis Badin & Florence Maillard
Cahier critique
Sayonara de Koji Fukada – par Stéphane du Mesnildot
Au revoir l’humanité entretien avec Koji Fukada – par Stéphane du Mesnildot
Après la tempête de Hirokazu Kore-eda – par Vincent Malausa
Pas comme des loups de Vincent Pouplard – par Camille Bui
Notes sur d’autres films 11 minutes (Jerzy Skolimowski) – 14 ans, premier amour (Andreï Zaytsev) – Adieu Mandalay (Midi Z) – La Belle Occasion (Isild Le Besco & Nicolas Hidiroglou) – La Consolation (Cyril Mennegun) – Corporate (Nicolas Silhol) – Django (Étienne Comar) – Emily Dickinson, a Quiet Passion (Terence Davies) – Heis (Chroniques) (Anaïs Volpé) – Je danserai si je veux (Maysaloun Hamoud) – Mister Universo (Tizza Covi & Rainer Frimmel) – L’Opéra (Jean-Stéphane Bron) – Paris est une fête (Sylvain George) – Retour à Forbach (Régis Sauder) – Revenger (Walter Hill) – Tunnel (Kim Seong-hun)
Journal
Rétrospective Hailé Gerima, l’Africain américain
Festival Tanger-Rennes dream
Distribution Des nouvelles d’Abounaddara
Tournage Le chagrin sans fin du « han » coréen : Jeon Soo-il en tournage
Rétrospective SF à l’Est
Reprise Rivière Fango, rives excentralistes (Au long de rivière Fango de Sotha)
DVD Elem et Larissa (coffret Klimov / Cheptiko)
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News internationales
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Hommage
Seijun Suzuki
Le maître Seijun est retourné dans le plafond par Shinji Aoyama
Réplique
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Antonio Pietrangeli
Les masques sceptiques d’Antonio Pietrangeli par Esther Hallé
Une jeune actrice entretien avec Stefania Sandrelli – par Esther Hallé
BD
Misfits par Luz |
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